Depuis quelques semaines, on a pu apercevoir dans les rues de Montréal, et même sur le pont Jacques Cartier, des publicités qui attirent notre attention : « ANGLAID ». Cette publicité fait référence à un livre, récemment paru et écrit par Michel Brûlé. La prémisse de ce livre est que la structure de la langue anglaise aurait un lien direct avec les abus des peuples anglo-saxons. Ma critique ne porte pas sur le livre comme tel, ni sur les événements du passé, mais plutôt sur la propagation d'une intolérance banalisée et véhiculée par ces affiches, et que je tiens à dénoncer.
Nous, Québécois, voulons former une société de tolérance, ouverte sur toutes les cultures du monde, et dans l'ensemble nous le sommes. Cependant il y a une culture qu'on ne se gêne pas pour écorcher et attaquer : la culture anglo-saxonne. Les exemples ne manquent pas et ce livre en est un de plus. Cet essai insulte toute la culture anglo-saxonne (américaine, britannique, canadienne, australienne, etc.) et, malgré tout, ce message semble être toléré.
Cette discrimination à l'endroit des Anglo-Saxons se fait dans la plus grande indifférence, et parfois avec une certaine complaisance, sous prétexte que « c'est moins grave parce qu'ils le méritent. » Imaginez que Michel Brûlé ait traité de la sorte la culture arabe, juive ou chinoise : quel scandale cela aurait fait, et avec raison.
Pire encore, imaginez qu'un Torontois publie un livre intitulé « FRENCHSHIT ». Et que, comble du comble, une publicité grand format sur une artère principale de la Ville Reine affiche en gros caractères « FRENCHSHIT », comme c'est le cas avec le livre « ANGLAID » au pied du pont Jacques Cartier. J’entends déjà l’immense tollé que cela provoquerait !
Le passé anglo-saxon n’est certes pas sans reproche, mais il en va de même du passé de tous les peuples. C’est une culture riche et qui nous a apporté, entre autres, l'habeas corpus, la démocratie moderne, le parlementarisme, le développement économique et, par conséquent, tout ce qui en découle : la culture scientifique (Charles Darwin et la théorie de l’évolution pour ne citer que cela.), ainsi que l’artistique où les exemples abondent. Cette culture tant méprisée par ces affiches publicitaires nous a donc beaucoup donné à nous aussi.
Au cours de mes quarante ans de militantisme pour la protection et la promotion du français, j'ai acquis la certitude que la défense d'une langue et d’une culture ne peut se faire par l'abaissement d'une autre langue ou culture. Depuis le début de notre histoire en Amérique du Nord, nous, francophones, luttons pour le respect. Mais nous ne pourrons pas obtenir celui-ci sans respecter ceux qui nous entourent.
Or, faire comme si de rien n'était devant le massage d’intolérance véhiculé par ces affiches, c'est manquer de respect non seulement envers les anglophones, mais aussi envers nous-mêmes.
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