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Parler mais ne rien dire - The Métropolitain

Parler mais ne rien dire

By Esther Delisle on May 1, 2008

Parler

Lors de la course à la chefferie du Parti Québécois en 2005, pressée sur les ondes d'une station radiophonique de donner sa position sur l'échéance référendaire de son parti si elle était élue, Pauline Marois répondit en substance que ce qui importait était de prendre le temps de parler de la souveraineté aux Québécois, de la leur expliquer.

Pauline Marois réaffirme que les membres de son parti doivent convaincre leurs compatriotes, « sans tomber dans le piège d’échéancier ou d’obligation référendaire. » Et d'ajouter la nécessité de « travailler sur le projet de pays, l’expliquer, en discuter et écouter les gens sur la façon dont ils le voient. »

Entendant ces propos, ma réaction fût de penser : « Mais bien sûr qu’il faut en parler! Après tout, le Parti québécois n’a eu que 40 ans (de sa fondation officielle en 1968 jusqu'à 2007) pour faire comprendre son option à la population. Que peut-on expliquer dans un si court laps de temps!!!? Qu'est-ce que 40 ans pour se faire comprendre d’un électorat!!!? »  On peut se demander sérieusement quel argument en faveur de la souveraineté n’a pas été martelé, répété et ressassé pendant presque quarante ans qui serait enfin compris des gens si seulement on le leur répétait ad nauseam.

L’élite nationaliste qui discourt à n’en plus finir sur la souveraineté –aux contours confortablement indéfinis—et le peuple qui énumère des préoccupations qui n’ont rien à voir avec celle-ci illustre parfaitement le phénomène que le politologue français Georges Lavau observait dès 1965 :

   «(…) ce long soliloque de la « parole » québécoise qui s'enroule depuis un  siècle sur elle-même comme un monologue intérieur de W. Faulkner, c'est le soliloque angoissé de qui ? Je ne parviens pas à m'ôter de l'esprit que c'est la paroles des « éduqués », des élèves de collèges, de gens qui vivent entre eux, ne voient qu'eux-mêmes et leurs anciens condisciples, leurs épouses et leurs maîtresses : une toute petite société d'interconnaissance (j'ai eu la même impression aussi forte à Rio, à Salvador et à Mexico). Dans mes séjours au Québec, j'ai volontairement beaucoup fréquenté les tavernes, les matchs de hockey, les pizzérias populaires et les night-clubs (!) et parlé à mes voisins et voisines : je n'y ai jamais trouvé la parole d'H. Aquin, de P. Vallières, de G. Miron, et même très peu celle de Félix Leclerc. »

 

Mais ne rien dire

En consultant le Petit Robert, on constate qu’il y a une différence subtile mais réelle entre les verbes parler et dire. Dans son sens premier parler se définit comme « articuler les sons d’une langue naturelle. » Dire se définit comme « émettre les sons, les éléments signifiants d’une langue. » Second sens: « S'exprimer en usant de ces sons » comme dans  « Exprimer, communiquer (la pensée, les sentiments, les intentions. » Le verbe parler s'attarde aux sons émis; le verbe dire, lui, met davantage l'emphase sur le sens, la signification de ces sons.

Le mouvement souverainiste en général, et le Parti québécois en particulier, parle beaucoup, mais dit très peu. Ses ténors peuvent bien clamer sur tous les tons la nécessité de parler et de discuter du projet souverainiste, que se passe-t-il quand des personnalités connues disent leurs doutes et affirment devoir être convaincues à nouveau?  Si une réelle discussion de fond menaçe de s’enclencher?

 

Michel Tremblay et Robert Lepage

Le 9 avril 2006. l'auteur et dramaturge Michel Tremblay dit ne plus adhérer au « beau rêve de la souveraineté » désormais enlisé dans les préoccupations économiques. En verve, il pourfend « la maudite économie » qui fait perdre son âme à la société québécoise et se lamente de sa ressemblance à Toronto qui vient de découvrir « l’argent, l’argent à tout prix. »

On entend dans cette déclaration l’écho à peine assourdi des ultramontains et autres ecclésiastiques qui rebattaient les oreilles de leurs ouailles sur  la mission civilisatrice des Canadiens-français dans une Amérique du Nord protestante et cupide, obnubilée par l'argent et le profit. Le peuple, pendant ce temps, quittait la province de Québec par milliers pour améliorer leur sort en Nouvelle-Angleterre et dans l'ouest canadien. On remarquera aussi que ce dégoût  du vil métal vient d’autant plus facilement à  Michel Tremblay qu’il est indépendant de fortune et  possède une résidence à Key West. En voilà au moins un que «la maudite économie» n’a pas trop malmené. Enfin, quand il déclare en fin d’entrevue que le Québec est un des premiers endroits au monde à «s’être débarrassé de la domination de l’Église catholique sans révolution et sans guerre», il ne se rend pas compte que lui-même et l’intelligentsia qui s’est hissé au pouvoir dans les années soixante ont brillamment repris le flambeau d’un establishment ecclésiastique en déroute.

Le 10 avril 2006, un autre dramaturge de réputation internationale, Robert Lepage, dit qu’à l’instar de plusieurs artistes, il a besoin de se faire « reconvaincre » de la pertinence du projet souverainiste.

Les réactions à la déclaration ne se font pas attendre. Claude Jasmin attribue au carriérisme le silence antérieur de Michel Tremblay sur la question constitutionnelle. Victor Lévy-Beaulieu accuse les deux hommes de trahison et de sénilité précoce. Il réserve l'expression « trou de cul » est  à celui qu'il connaît depuis 40 ans, Michel Tremblay. La palme de l’indignation revient à l’ancien premier ministre, Bernard Landry, qui déclare sur les ondes de Radio-Canada qu’il n’ira plus voir les pièces de l’homme de théâtre.

Ces grossièretés et l’arrogance de Landry suffisent pourtant à faire baisser pavillon à Tremblay. Il croit toujours en la souveraineté, qu’on ne s'y trompe pas, c'est juste qu’elle n’adviendra pas si on persiste à en faire une question d’économie. 

Quelques jours plus tard, Bernard Landry nie avoir jamais menacé de ne plus assister aux pièces de Tremblay tout en répétant le même propos.  «Je souhaitais tout simplement que Michel Tremblay s'explique avant que je n'assiste à une prochaine représentation. Il l’a fait quelques jours plus tard (…) et a dit dans sa mise au point qu’il est toujours souverainiste.» Fort bien : il est toujours souverainiste, Bernard Landry daignera donc assister aux futures représentations de ses œuvres. Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, renchérit : ce qui importe c’est que Michel Tremblay  « n'ait pas dit qu’il n’était plus souverainiste. »

Plusieurs mois plus tard,                à l’approche des élections              provinciales, dans une lettre qu’il adresse publiquement à André Boisclair, le leader du parti québécois, Robert Lepage réitère son intérêt pour « la cause et la pertinence de la souveraineté du Québec. Je crois fermement (…) que le Québec se doit d’être indépendant, unique et novateur. »

Cet incident révèle que la mesquinerie d’un petit milieu et les débordements d’un dictateur d’opérette—à la retraite en plus—et  n’ont d’égal que la pusillanimité, voire la lâcheté des dissidents potentiels. Âgé, malade et riche, Michel Tremblay se rétracte comme si sa carrière dépendait de l'appui des premiers. Robert Lepage, un an après sa timide sortie qui était rapidement retombée dans l’oubli, sent l’obligation d’une profession de foi souverainiste. Les apostats d’un jour sont rentrés au bercail sans demander leur reste. 

Relégué au rang de tiers parti, avec Pauline Marois à sa tête, le Parti québécois soliloquera de plus belle, dévidera avec la même énergie une vulgate nationaliste usée à la trame,  tandis que l’électorat francophone continuera à appuyer l’Action démocratique du Québec.

 

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