Il y a encore quelques mois, l’idée d’avoir un homme de race noire comme président des États-Unis était en soi un défi, d’autant plus que dans l’imaginaire populaire de l’Occident, l’Amérique était encore une entité où le racisme était plus vivace qu’en Europe. Or, voilà qu’aujourd’hui, les États-Unis d’Amérique prouvent encore une fois la grandeur de ce pays et la force de sa démocratie; de quoi constituer une leçon d’ouverture au monde entier.
Mais qu’en est-il exactement?
À priori, l’élection de Barack Obama représente un ras-le-bol des citoyens de ce pays de la politique du président sortant Georges W. Bush, dont les sondages ont souligné durant les élections la dégringolade sans précédent de sa popularité. Or, bien que Bush soit pointé du doigt pour ce que nombreux désignent comme son incompétence à gérer une crise, il n’en demeure pas moins que l’élection d’Obama n’a pas rassembler pour autant une majorité absolue des Américains. Ces derniers demeurent divisés entre supporters d’une Amérique chrétienne conservatrice et républicaine et une autre progressiste et démocrate. De même, l’arrivée d’Obama au pouvoir ne signifie aucunement que le camp progressiste et démocrate ait obtenu l’aval de toute la population pour mener ce « changement » tellement surligné durant la campagne dans la direction souhaitée. D’ailleurs, implanter un changement drastique sur fond de grave récession économique ne peut se faire sans des politiques internes impliquant une nouvelle manière d’imposition en faveur des masses et au détriment des capitaux!
Les défis d’Obama
D’où le premier des défis majeurs d’Obama, celui de convaincre la société américaine de changer de cap dans sa façon de penser le sociétal versus l’économique. Ainsi, d’une nation basée sur le libéralisme économique, ou pour certain, le capitalisme sauvage, Obama semble vouloir instaurer une sorte d’un pont vers un libéralisme participatif, menant à terme vers une sorte de socialisation de la société américaine. De quoi apporté un plus pour les plus démunis – certains diront également pour la classe moyenne – au détriment des plus nantis. L’intervention étatique entamée par Bush pour sauver de la faillite de grandes institutions financières et d’assurances de renom serait parmi les prémices d’une telle politique qu’Obama voudrait mener encore plus loin…
Le second des défis se situe au niveau de la politique internationale des États-Unis et de l’image que projettera Obama de son Administration. Or, là, plusieurs problèmes se pointent déjà à l’horizon avant même qu’il n’entre à la Maison Blanche.
Le premier problème n’est autre que le calendrier de retrait des troupes américaines d’Irak. Or, la difficulté d’une telle décision ne réside pas dans le retrait en soi, mais plus dans le message convié à travers un retrait hâtif et rapide des troupes, même si pour Obama, ce retrait sera compensé par un redéploiement en Afghanistan. Car, ce qu’il faut comprendre c’est que les pays largement responsable de l’instabilité en Irak, la Syrie et l’Iran, feront tout pour se le répartir en zones d’influences, ce qui risque d’affecter la stabilité régionale et l’économie pétrolière.
En effet, Damas encourage les insurgés sunnites dont les Frères musulmans et certains membres d’Al-Qaeda à continuer les opérations-suicides contre les Marines, alors que Téhéran soutienne et arme les Chiites irakiens pour maintenir l’Irak sous leur hégémonie maintenant que le pouvoir appartient à la majorité chiite !
Le second problème pour l’Administration Obama n’est autre que l’éternel conflit au Proche-Orient entre Israéliens et Palestiniens. Or, tout au long de la campagne, Obama avait donné des signes positifs pour un dialogue d’ouverture avec « l’ennemi », iranien était-il ou syrien. Son ouverture sur l’autre avait créé un espoir chez les Arabes de voir une politique « plus équilibrée » d’autant plus que pour beaucoup de Musulmans, Obama était considéré comme l’un des leurs de par les origines de son père ! Sauf qu’avec son choix de Rahm Emanuel comme Secrétaire général de la Maison Blanche, Obama a involontairement renversé les attentes du monde arabe! En effet, les origines israéliennes de « Rahmbo » comme surnommé, sont suffisantes pour provoquer l’ire des Arabes et une animosité contre le personnage du président. Ce qui ne manque pas d’aggraver la haine anti-américaine, accouchant par le fait même d’une quasi « fatwa » des islamistes les plus radicaux contre la personne du président élu et pour cause : pour les plus intégristes, le fait qu’il soit de père musulman, fait de lui obligatoirement un musulman. Mais, le fait qu’il ait choisi la religion chrétienne fait de lui de facto un apostat et donc le tuer serait un devoir!
Le troisième problème pour Obama sera celui de rassembler les Américains que les sondages prouvent divisés plus que jamais. Or, sa tâche ne sera pas facile d’autant plus que dans les régions Sud traditionnellement conservatrices, il est inacceptable d’avoir un noir à la présidence du pays. Cela ne manquera sans doute pas de soulever la colère des plus radicaux dont les « Red Necks » parmi les Américains du Sud dont les ancêtres pratiquaient l’esclavage. À cela s’ajoute les groupuscules racistes comme les KKK et les néo-nazis qui seront sans aucun doute tentés d’attenter à la vie du président élu.
Ainsi, l’arrivée à la Maison Blanche de Barack Obama représente en soi un grand défi aussi bien à la personne du Président élu, mais surtout au peuple États-Uniens. Ce qu’il faut au nouveau président, c’est avant tout la chance de prouver que son idée de changement peut être bénéfique à toute l’Amérique et non seulement à une partie de la société aussi majoritaire soit-elle. Or, dans un monde où l’argent contrôle les destinées des peuples, l’on est en droit de se questionner si à l’instar de JFK, Obama représenterait une nouvelle Amérique! Une Amérique dont le rêve vient de se concrétiser après tant d’années d’espoir! Mais la question demeure : pourrons-nous enfin passer outre nos différences raciale et ethnique pour pousser de l’avant l’humanité vers de nouveaux horizons, là où le pouvoir de l’argent servira plus l’Homme plutôt que l’inverse? La réponse officielle d’Obama est « YES WE CAN! » Reste à savoir si la réalité et le destin lui donneraient raison.
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