Une décennie après les attentats spectaculaires du 11 septembre, la lassitude occidentale à l’égard des « cavaliers d’Allah » encourage le terrorisme et favorise la délégitimation de l’Etat juif. La dernière attaque contre l’ambassade d’Israël au Caire, première délégation diplomatique dans un pays arabe, est un signe grave et inquiétant dans les relations internationales.
La faiblesse des Etats-Unis est une fois encore mise à l’épreuve. Hier, l’ambassade américaine à Téhéran a été saccagée et des diplomates ont été pris en otages, aujourd’hui une ambassade israélienne est prise d’assaut, demain probablement une délégation européenne. Désormais, les ambassades ne sont plus des sanctuaires! Les « fous de Dieu » franchissent au grand galop toutes les frontières, leur combat est infini puisqu’ Allah est grand! Leurs actes n’ont aucun rapport avec le conflit avec les Palestiniens et les attentats spectaculaires du 11 septembre perpétrés par Al Qaïda en sont une preuve de vérité absolue.
Concernant la Turquie, depuis que les islamistes ont pris le pouvoir, Ankara a changé de visage et de stratégie. Son gouvernement se radicalise et plonge dans les cultes de Dieu, de la divinité, de l’ancien Empire, et de la personnalité. La Turquie d’Erdogan cherche par tous les moyens de s’imposer comme une puissance régionale et devenir le leader des sunnites au Moyen-Orient. Sa politique anti-israélienne et ses violentes diatribes réussissent à déchaîner les foules. Dans les souks et les bazars d’Istanbul, du Caire, à Gaza et partout ailleurs, le ton monte et les prix politiques flambent. Face aux ébullitions dans le monde arabe et surtout après la chute de Moubarak, le « chemin vers la gloire », vers la rédemption islamiste » est désormais tracé, d’autant plus que l’Iran agit en connivence et l’Amérique de Barack Obama est affaiblie et son leadership laisse à désirer.
Le premier gouvernement Netanyahou a réussi en 1996, à s’accommoder avec son homologue islamiste, Necmettin Erbakan, et a même signé un important accord de coopération militaire et stratégique, au grand dam des pays arabes et de l’Iran. Cependant, le renforcement des extrémistes et des Frères musulmans a réussi à élire un Premier ministre mégalomane et au tempérament fougueux. Depuis qu’il a pris le pouvoir en 2002, Erdogan empoisonne les discours et renverse la vapeur dans les hammams… Il fait agir la marche turque sur l’autre face du piston politique et sa pression prend toujours des mauvais tours et provoque des sueurs froides…
Tout a débuté par l’échec humiliant de la médiation avec la Syrie, elle a été suivie par l’opération « Plomb durci » dans la bande de Gaza, puis de la flottille et du Marmara, sans oublier l’incident avec Shimon Pérès à Davos et la crise diplomatique avec l’ambassadeur turc. Aujourd’hui, nous devons reconnaître que des maladresses et des bévues ont été commises et sans pallier sa faute, toute excuse de notre part est à rejeter avec mépris. Un Etat se respecte dans la dignité et grâce à sa force de dissuasion.
La Turquie est un immense pays stratégique avec une grande civilisation; charnière entre l’Asie et l’Europe, elle à toujours sa place au sein de la société des nations en dépit d’un passé sombre avec les Allemands, le génocide arménien, les attaques massives contre les Kurdes, et la guerre contre Chypre. Les Ottomans ont régné dans notre région plus de quatre cents ans et leur empreinte est encore ancrée dans notre mémoire. La nouvelle religion islamiste d’Erdogan ne pourra jamais gommer les faits historiques tristement célèbres!
Certes, la Turquie a été le premier pays musulman à reconnaître l’Etat juif, mais aujourd’hui elle aspire à reconstituer à son profit l’ancien Empire ottoman au détriment d’Israël. Ankara devra choisir son camp, mettre un terme au double jeu et cesser d’enflammer la région. Les allocutions belliqueuses d’Erdogan et ses menaces hargneuses et quotidiennes contre Israël ne sont pas prononcées par un Premier ministre démocrate mais rappellent celle d’un dictateur mégalomane, un chef d’Etat voyou comme l’est le président iranien rêvant à reconstituer l’Empire perse.
La compétition entre Ankara et Téhéran, entre les sunnites et les chiites pour acquérir l’hégémonie de la région n’est pas nouvelle mais soulignons qu’à l’époque l’Etat juif n’existait pas et Tsahal ne combattait pas dans l’arène. Quant à l’Egypte, le général Tantawi devrait maitriser ses troupes et respecter le Traité de paix et les lois internationales sinon son pays et avec lui tout le Proche-Orient plongeront dans le chaos primitif, un nouveau tohu-bohu qui sera orchestré par les Frères musulmans dans l’allégresse démoniaque.
Devant cette nouvelle donne géopolitique et face aux menaces omniprésentes, le gouvernement Netanyahou devrait réagir avec la tête froide et ne jamais paniquer, ni non plus menacer de vengeance ou de représailles inutiles. Jusqu’ à ce jour, Netanyahou a bien géré la crise avec Ankara et le Caire mais il doit aussi faire tout de son pouvoir pour apaiser les esprits et éviter l’escalade car chaque incident pourrait mettre le feu aux poudres. Face à toutes les turbulences fermeté et vigilance oblige! La force tranquille et la dissuasion sont mises à l’épreuve.
La puissance de Tsahal et notre foi inébranlable en notre juste cause devraient nous rassurer. Rappelons à nos voisins que notre présence sur la Terre d’Israël est légitime et incontestable! Dans ces moments graves que nous traversons, l’opposition de Tsipi Livni et tous les partis sionistes devraient se réunir pour former un front commun et solidaire et installer sans délai un gouvernement de salut public. Seul dans l’union et en renforçant les rangs que nous gagnerons cette nouvelle bataille contre les « cavaliers d’Allah ».
Les Turcs devraient aussi comprendre que faire partie de l’OTAN, devenir membre de l’Union européenne et du monde occidental est un grand privilège à condition de respecter les règles du jeu, les lois internationales, le bon voisinage, et admettre les contraintes comme les avantages. Cela implique également les Egyptiens, les Jordaniens et surtout les Palestiniens.
Contrairement à la position israélienne, Erdogan et Mahmoud Abbas ont rejeté bizarrement le rapport Palmer qui ont eux mêmes exigé et commandé. Le masque est tombé au moment où cette commission onusienne a dit ses quatre vérités. Elle a reconnu la légalité du blocus maritime dans la bande de Gaza et la défense légitime de Tsahal contre la flottille. Comment utiliser la tribune de l’ONU pour la proclamation de l’Etat palestinien et refuser dans la même veine les conclusions d’un rapport écrit par des délégués des Nations-Unies? C’est absurde et cette approche n’est qu’une logique turque inspirée par le bazar oriental….
Le peuple Turc n’est sans doute pas notre ennemi et nous souhaitons tourner la page et revenir enfin aux relations normales et amicales. Certes, l’honneur est considéré comme une priorité absolue chez eux, mais dans les relations entre les Etats, les intérêts stratégiques et la realpolitik prévalent à tous les salamalecs et les excuses exagérés et hypocrites.
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